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  Fédération
Française

d'Athlétisme
...




Lambda, octobre 2009.



Les parents d'un petit voisin de 13 ans m'ont transmis les documents joints à la Licence de la Fédération Française d'Athlétisme que leur fils vient de recevoir par courrier ...
J'ai dû manquer quelques épisodes. Je croyais, naïvement semble-t-il, que les valeurs de l'athlétisme étaient celles "du sport".
Parce que visiblement il y a valeurs et valeurs, même pour le sport !
Les mots qui trahissent Tout d'abord impossible de contourner "La Lettre du Président" (de la dite fédération).  Et là, vous me direz que c'est un peu facile pour un psy, mais que voulez-vous, les mots trahissent plus sûrement leurs auteurs que leurs empreintes digitales, car ils disent aussi "pour le compte de qui" l'auteur oeuvre vraiment.
La Lettre du Président.  [Cliquer sur le document pour l'agrandir]
"sésame" Ce premier mot signifie que sans la FFA votre enfant ne pourra jamais participer à des compétitions d'athlétisme, ni au niveau local, ni au niveau international. La FFA détient le monopole absolu de la pratique de l'athlétisme, comme toutes les fédérations.
La conséquence c'est qu'il vous faudra, votre enfant et vous, en passer par toutes ses "valeurs" et "pratiques". Et là nous allons voir qu'il s'agit d'un véritable formatage aux doctrines du capitalisme, version néolibéralisme le plus dur.
"marque"
Et bien oui, il l'a écrit !
Et dans une phrase absolument réversible : "cette licence est ... la marque de votre adhésion ..." qu'il faut en réalité lire "cette licence est l'adhésion à notre marque".
Déformation professionnelle, interprétation sauvage, direz-vous ?
Lisez donc la suite ...
"se fixer des objectifs"

"rechercher la meilleure performance possible"
Une des méthodes du néolibéralisme, de la libre entreprise, prônée par Milton Friedman consiste à faire procéder, au sein de toute entreprise, par "contrats d'objectifs". Si l'on rapproche ces termes des méthodes de management mises en oeuvre dans les grandes entreprises qui alimentent régulièrement les "faits divers" (Renault, France Télécom, etc...), on réalise immédiatement qu'il s'agit exactement de la même chose : Même esprit ! Même Vocabulaire ! Même idéologie !

La FFA envoie à tous ses licenciés une petite plaquette d'information. "Informations" ? ... En réalité 1 bulletin de souscription à une option complémentaire dans le cadre de l'assurance + 1 page d'information et de prévention sur le dopage + 14 pages de publicités et d'incitations à acheter des produits des "partenaires" de la FFA : pubs, jeux, bons de réductions, ... bref la panoplie complète du flyer purement commercial. Au point qu'on ne sait plus si le document ne provient pas d'une boite de pub qui se servirait de l'athlétisme comme thème publicitaire ou comme cible.

Licence = Goldencard La première page est particulièrement éloquente.
Le sloggan d'entrée vous présente ainsi la Licence :
"Plus qu'une Licence, une Carte Privilège !
Plaquette FFA p01 Licence.com
[Cliquer sur les documents pour les agrandir]

"Carte Privilège" ... Quel est le référenciel linguistique de cette expression ? Celui du sport ou de celui de la finance ?
Le lobbying des grandes entreprises auprès des fédérations sportives, stratégiques, essentielles même, pour donner ou redonner une image positive à ces entreprises est tel qu'ils vont jusqu'à y placer des dirigeants qui sortent de chez eux. Le résultat est là !
On notera que l'adresse du site internet de la FFA est www.athle.com ...
Naïvement je m'attendais à un .fr (pour France), ou .org (pour organisations), mais non, c'est un .com (pour Commercial) ... !

Pour le reste de la plaquette, je vous laisse consulter. Avec le paradoxe diabolique qu'il me faut faire de la publicité pour en dénoncer les intentions stratégiques.
Plaquette FFA p02 Plaquette FFA p03 Plaquette FFA p04 Plaquette FFA p05 Plaquette FFA p06 

Plaquette FFA p07 Plaquette FFA p08 Plaquette FFA p09 Plaquette FFA p10 Plaquette FFA p11
Plaquette FFA p12 Plaquette FFA p13 Plaquette FFA p14 Plaquette FFA p14 Plaquette FFA p16
"Aaaah évidemment ... encore un esprit chagrin qui ne voit pas que c'est grâce à tous ces sponsors que son gamin va pouvoir faire de l'athlétisme ..."

Et bien justement !
Les vieux de mon village racontent encore l'époque où ils étaient "à ferme" chez Monsieur le Comte. Ils lui devaient tout à Monsieur le Comte : la soupe dans la gamelle, le toit sur la tête, l'école pour les enfants, plus quelques servitudes, taxes et redevances médiévales. Ils étaient donc redevables et retiraient leur casquette à son passage.

Aujourd'hui faut-il conditionner nos gosses, dès le plus jeune âge, à la même déférence envers Areva qui leur permet de faire du sport et donne du travail à leurs parents ?

Sport propre,
commerce propre,
... et politique sale ?
Est-il si incongru, voire déplacé de faire un peu de politique ici ?
N'en font-ils pas eux ?

La Fédération met les listing de ses adhérents au service de ses "partenaires". C'est ainsi que tous les licenciés reçoivent des "newsletters". Celle d'AREVA propulse la FFA comme acteur, et les licenciés comme agents involontaires, dans un des domaines "politico-financier" les plus "sensibles" : le NUCLEAIRE. Voyez le mail du 2 déc 2009.

Ils vallent ce qu'ils vallent, et vous les jugerez après en avoir pris connaissance, mais voilà les rapprochements qui me semblent nécessaires,
voire hygiéniques :
1 L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le Fond Monétaire International (FMI), les Grandes Banques Centrales, la quasi totalité des dirigeants des Multinationales sont tous d'accord pour pousser toutes les économies mondiales dans ces 3 directions :
- Privatisation de tout ou presque ;
- Déréglementations tous azimuts ;
- Réductions draconiennes des dépenses publiques.
Le secteur public idéal se résumant à l'armée et à la police !
Ces thèses sont celles de l'école de Chicago et en particulier de Milton Friedman.
2 Les entreprises privées demandent sans cesse des "réductions d'impôts et de charges sociales", et les gouvernements successifs les leur accordent.
Résultat : il n'y a plus d'argent public pour faire faire du sport à nos enfants.
3 La FFA fait ouvertement la promotions des valeurs du "privé".
4 Mais vous n'êtes pas obligés d'adhérer à tout ça ...
Car si vous n'êtes pas d'accord,
en ce qui concerne votre enfant, vous pouvez ne pas l'inscrire au club d'athlétisme local ;
en ce qui vous concerne personnellement, vous pouvez ne pas travailler pour Areva, ou Adidas, et si vous ne voulez vraiment pas "adhérer à une marque" (France Télécom, Renault, ou autre...), vous êtes libres de ... partir ... au pôle emploi ... en indonésie ... aux îles Galapagos ...
5 En France il y a plusieurs centaines de milliers de familles qui vivent des minima sociaux. Sur notre planète il y a plusieurs centaines de millions de pauvres bougres qui triment plus de 10 heures par jour sans avoir même accès à l'eau potable, et qui aimeraient bien que leurs enfants intègrent la FFA ...
La Boucle est bouclée ... Trouvez l'erreur ...
... en tous cas en prenant sa licence ce gosse participe malgré lui à la construction d'un monde, et pas n'importe lequel ... !
In fine je relis le sloggan de la FFA : "On est tous athlètes" ... c'est une affirmation ou un projet ? ... "athlète" ... n'est-ce pas, au sens de la FFA et des milieux de la finance internationale, une sorte de "citoyen idéal", redevable, dévoué, performant (qui génère plus d'argent qu'il n'en coûte) et docile ?
Somme toute le débat sur cette "pédagogie" n'est pas récent et je vous invite à lire ce qui est écrit à propos du Baron Pierre de Coubertin sur le site de Wikipédia, en particulier ICI ...
Quand on voit ce qu'a apporté l'argent au sport, on ne peut pas non plus s'empêcher de faire le parallèle entre les athlètes de haut niveau (du mercato) et les "golden boys" des marchés financiers. Et on peut facilement prévoir que nous aurons les mêmes déconvenues ici que là ...

A moins que ....