vue coté usagers :
... quelques signatures perverses ...
Ceux-ci n’imaginaient certainement pas que ces noyaux pervers pourraient produire autant de dégâts : 28 suicides en 20 mois (d'après la direction du Groupe), des centaines de « départs volontaires » scientifiquement provoqués, des centaines de travailleurs « mutilés du travail » non pas d’un membre ou d’une fonction physique, mais de l’élan vital qui leur faisait aimer leur métier.
Le PDG du groupe a parlé de « mode du suicide » ...
Le stress des salariés est certes un bon indicateur de ce qui se passe en amont, mais nous avons tout lieu de craindre que le problème soit traité « en soi », c'est-à-dire que les seuls changements envisagés ne consistent qu’en un déploiement de dispositifs toujours plus sophistiqués, de nature à mieux faire avaler la pilule du stress aux salariés (groupes de parole, organisation de lieux de défoulements, et autres gadgets…).
Les représentants des salariés devraient au contraire imposer que le travail et les discussions portent officiellement sur "les procédés de harcèlement moral à France Télécom" ... qui sont les causes du stress.
Il convient donc de rebaptiser "l'observatoire du stress" en "Observatoire des méthodes de harcèlement moral à France Télécom".
Je présente ici un tout petit exemple « révélateur ».
Chacun sait que France Télécom Orange est composé d’au moins trois grands secteurs : Internet, la téléphonie mobile, et la téléphonie fixe.
J'ai étudié, sur les trois espaces internets dédiés, comment sont traités les usagers sur les questions de la facturation détaillée des consommations, de l'émission des factures, et du paiement en ligne.
En effet, alors que ces deux textes de loi sont précisément faits pour assurer aux usagers la possibilité de vérifier facilement les facturations, Orange "se plie à la lettre" des textes, tout en empêchant en réalité les usagers d'effectuer ce contrôle.
Comment font-ils ?
Très simplement ils éditent le détail des consommations, mais uniquement sur internet et uniquement "pour la période en cours non encore facturée". Les informations sont rendues inaccessibles dès l'émission des factures.
Bien joué non ?
Mais pourquoi ?
Espèrent-ils en faire plus tard une option payante ?
En tous cas cette "lecture du texte", si particulière, est en elle même une "signature" classique de la perversité.
Orange Internet
Orange Mobile
France Télécom
Tout d'abord, quel que soit le secteur (internet, mobile ou fixe), Orange entend mettre une pression maximum sur les usagers en poursuivant un objectif assez clairement identifiable : faire en sorte qu'un maximum d'usagers accepte le réglement des sommes dues par prélèvements automatiques.
Ainsi, les usagers en difficultés financières auront à traiter avec la Banque de France, et non avec le (coûteux) service du contentieux d'Orange. Pour Orange c'est tout bénéfice, mais pour les usagers concernés les conséquences sont bien plus graves.
D'autre part cela permet à Orange de gérer les flux de trésorerie en minimisant au maximum les seuils d'incertitudes (retards, impayés, etc...). Cela se situe clairement dans une option de financiarisation de l'entreprise, qui n'oeuvre plus tant à assurer sa raison d'être historique qu'à optimiser des rendements financiers.
A ce propos on peut noter qu'Orange France Télécom nous fait passer des vessies pour des lanternes en objectant des "containtes techniques", de même, le Groupe se cache derrières les inéluctables mutations technologiques pour faire avaler toutes sortes de couleuvres à son personnel. Encore une signature de perversité...
Par quels moyens mettent-ils la pression sur les usagers ?
Il est clair que les petits génies qui président aux destinées d'Orange ont bien compris que plus Orange compliquera l'utilisation des autres modes de paiement, plus la solution du prélèvement automatique apparaîtra "la plus simple" ...
En substance, Orange dit ainsi à ses usagers récalcitrants :
"Ah vous ne voulez pas accepter le prélèvement automatique, alors nous vous punissons en vous refusant l'accès à certaines modernités telles que l'accès aux factures en format électronique ...!"
NB : ce mode de fonctionnement punitif est aussi une signature classique de la perversité.
Exemples :
Orange Mobile
Orange France Télécom
Orange Internet
Orange Internet
Orange France Télécom
Orange France Télécom
... dans "La Lettre" d'Orange, sept. oct. 2009.
Cela n'entre-t-il pas dans la catégorie des "formes de harcèlement" ?
Chaque samedi matin, sur RTL, Xavier de Moulins nous parle de l'homme ou de la femme publique qui va marquer l'actualité de la semaine... Le samedi 19 septembre 2009, c'était Didier Lombard, directeur de France Télécom.
Cliquer pour écouter.
On attend du sérieux, du professionnalisme, on a de la petite (ou de la grande) mesquinerie... Là où l'on attend services on a tracasseries ...
C'est que les cadres des trois secteurs du groupe sont soumis à des "contrats d'objectifs" parmis lesquels figure en bonne place celui de parvenir à un pourcentage "x" de clients "en prélèvement automatique". Ces objectifs DOIVENT être atteints coûte que coûte. Et on les abandonne avec ces paquets, on les menace implicitement de mise au placard lors du prochain mouvement automatique des cadres si les objectifs ne sont pas atteints.
[petite parenthèse : Ces délocalisations automatiques instituées, que la France a découvert au prix de 28 suicides, sont particulièrement perverses. Par ce moyen on sait depuis toujours que l'on brise les liens familiaux, les liens amicaux, les liens de solidarité. On fait des "cadres sans racines", obligés de ne puiser leurs ressources que dans l'entreprise. Après quelques années de ce régime, soit vous ne mangez plus, ne buvez plus, ne respirez plus, ne pensez plus qu'ORANGE, soit vous êtes partis ... par la porte ou par la fenêtre. Et c'est bien le but recherché.
Orange va si loin dans cette entreprise de déracinement qu'elle entend même leur extirper toute conscience professionnelle, toute fierté passéiste d'exercer "un métier" : il faut à Orange des légionnaires polyvalents, ultra disciplinés et totalement dévoués à leurs chefs. Le tour de passe-passe du PDG consiste à faire passer ces mutations assassines pour des contraintes intrinsèquement liées aux "mutations technologiques" ... et à la crise financière. Fin de parenthèse]
Le résultat c'est que sans se concerter (en ont-ils seulement le temps), chacun doit se "démerder" comme il peut pour trouver des astuces qui vont lui permettre d'atteindre ses "objectifs". Encore une signature classique d'un fonctionnement pervers !
Il en résulte ce grand désordre, ce grand "n'importe quoi", dont les usagers aussi font les frais.
Le profane se demande comment des cadres de haut niveau ne comprennent pas qu'au contraire de ce qu'ils font ce sont la vraie transparence, la vraie simplicité, le vrai dialogue qui fidélisent une clientèle et mobilisent des salariés.
En réalité ces gens là pourraient aussi bien travailler chez Auchan, au Gan ou chez Elf, ils ne savent gérer ni des hommes ni des entreprises industrielles, commerciales ou de services. Ils ne gèrent que des flux financiers d'une structure économique, vers un cartel d'actionnaires.
Ce qui ne devrait pas arranger les choses c'est que l'Etat lui même donne l'exemple en fonctionnant de plus en plus comme un groupe financier. Ainsi les policiers, les enseignants, les médecins, les services fiscaux, etc... sont également soumis à des "contrats d'objectifs".
Les mêmes causes conduisent aux mêmes désordres, quand il ne s'agit pas de vrais désastres. L'actualité de ces 10 dernières années nous en a livré quelques uns dont il faudrait quand même dégager les dénominateurs communs ... non ?
1 - Le premier consiste à répondre à la question : Quelle est la vraie raison sociale de France Télécom ? ... et il ne serait pas inutile de se la poser à propos de bon nombre d'autres grandes entreprises.
2 - Le second consiste en une mesure simple et radicale : Faire l'inventaire des "théories", "thèses", "écoles", et autres références en terme de management ou de psychologie du travail qui ont été enseignées aux cadres et appliquées depuis des années à France Télécom, puis les interdire purement et simplement par une loi. Comment en effet pourrait-on continuer à laisser s'appliquer de telles théories quand elles génèrent autant de souffrances et mettent les salariés en miettes quand elles ne les tuent pas ? Tous les "psy" ont eu à les étudier, et les connaissent parfaitement bien. Elles ont toutes pour père Donald Ewen Cameron (1901-1967).
Après avoir, non sans peine, créé l'état de sidération général dans lequel se trouvent les salariés de France Télécom, les conditions sont enfin réunies pour réaliser un magistral tour de passe-passe. Comme George W. Bush après les attentats du 11 septembre, Didier Lombard devrait mettre en oeuvre un plan spectaculaire pour venir au secours de ses salariés, mais (car il y aura un mais), celui-ci sera assorti de toutes sortes de mesures de restructurations qui n'auraient jamais pu passer sans tout ça, et qui seront présentées comme "intrinsèquement liées" au plan de sauvetage, comme en faisant partie intégrante.
Comme les plans de privatisations massives des écoles publiques, ou les diminutions drastiques des budgets d'aides sociales (entre autres) ont fait partie des mesures de "sécurité intérieure" après le 11 septembre 2001...
Voir (pour les incrédules), le livre très bien documenté et référencé de Naomi KLEIN : La Stratégie du Choc, la montée d'un capitalisme du désastre.
Commandez le livre sur Amazon | Fnac | Abebooks | Alapage | DecitreVous pensez qu'ils ne lisent pas ces livres "en haut" ... moi je crois que si ... et pas seulement par curiosité ...
| La fin du monopole des grandes entreprises
publiques françaises
entraîne fatalement un important dégraissage du
personnel salarié. Mais
la protection dont bénéficient les «
futurs ex-fonctionnaires » rend ce
dégraissage difficile. Aussi les DRH ont-elles recours à des pratiques inavouables par le truchement de pressions destinées à briser les employés en les poussant à la démission. Ceux de France Télécom en ont fait les frais. Dominique Decèze montre la violence délibérée de l'entreprise à travers les témoignages conjugués de médecins du travail et des intéressés eux-mêmes, salariés en souffrance. Première édition en ... 2004 ... nouvelle édition en 2009 ...
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Orange stressé 1 (06/10/2009)
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Orange stressé 2 (08/10/2009)
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Orange stressé 3 (09/10/2009)
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