|
|
LE
PRESIDENT
Entrez-donc
mon ami et venez prendre place
Afin de me conter ce qui vous embarrasse
La réforme est lancée, elle avance à
grands pas
Mais je vois bien qu’à tous celle-ci ne plait pas.
Aussi voudrais-je entendre de votre propre bouche
Pourquoi les enseignants prennent ainsi la mouche.
LE MINISTRE
Mon
bienfaiteur et Prince ne vous alarmez point
Voyez comme en ces temps je sais rester serein.
J’ai fait ce qu’il fallait et fait preuve
d’audace.
LE PRESIDENT
Allez
contez moi donc je ne tiens plus en
place !
LE
MINISTRE
J’ai
d’abord pour vous plaire modifié les programmes
Pour faire des élèves des besogneux sans
âme.
Ils se feront gaver du matin jusqu'au soir
Et n’auront plus de sens à donner au
savoir ;
Voilà qui nous fera des citoyens dociles
Qui ne s’attacheront qu’à des choses
futiles.
LE
PRESIDENT
Fort
bien, les programmes sont un bel artifice
Pour manœuvrer les gens non sans quelque malice.
Voyez ce que je fis pour prendre le pouvoir
Promettant des réformes, n’en disant que
très peu,
Pour qu’une fois reçu l’aval des isoloirs
Je puisse me sentir libre et faire ce que je veux !
Mais veuillez donc poursuivre votre plan de disgrâce
Car je veux tout savoir !
LE
MINISTRE
Voilà
ce qui se passe :
Je commence par rayer en trois ans les RASED
Et pour tromper les gens sur le maintien de l’aide
Je laisse aux enseignants l’entière
liberté
De s’occuper tous seuls de la difficulté.
Ils auront pour cela comme unique bagage
La chance de pouvoir faire quelques journées de
stage !
J’ai enlevé deux heures
d’école par semaine
Mais évidemment pas pour ceux qui mal apprennent :
On dit la journée de trop longue durée
Qu’il faudrait réformer notre calendrier
Et moi je vous dis qu’il en faut d’avantage
Et qu’il faut les forcer même jusqu’au
gavage !
LE
PRESIDENT
C’est
à n’en point douter une idée fort
plaisante,
Le mérite sera la seule valeur payante !
LE
MINISTRE
Pour ceux qui veulent apprendre de
maître
le métier
Je les envoie le faire à l’université.
Voyez l’inanité d’une bonne formation
Nous qui n’avons besoin que d’agents et de
pions !
Cela vous plait-il ?
LE PRESIDENT
Assurément
je pense,
Mon humeur est ravie et elle est d’importance
Car c’est elle qui règle le cours de mes
pensées
Qui font toujours écho à
l’actualité.
Mon caprice me met dans des emportements,
J’ai des mots qui ne sont plus ceux d’un
Président,
Je flatte ce qu’il faut des instincts les plus bas,
Parle plus en mon nom qu’en tant que chef
d’état,
Sur toutes mes idées je veux qu’on
légifère
Et ne supporte pas qu’on m’empêche de le
faire.
Des médias je me sers et grâce à mon
emprise
Ils me suivent au mieux dans toutes mes entreprises,
Enfin, si j’utilise les services de la presse
C’est parce qu’aux yeux de tous il faut que je
paraisse.
Mais contez-moi encore votre train de mesures.
LE MINISTRE
De
l’école en danger j’augmente la
fêlure :
Il existe des classes que l’Europe nous envie
Accueillant les plus jeunes des enfants du pays.
Il serait opportun de les faire disparaître
Pour affecter ailleurs ce réservoir de maîtres
Qui ne font de leur temps que des couches changer
Et ne connaissent point les joies de la dictée.
Des enseignants en moins réduiraient nos dépenses
Et il n’y aurait plus de maternelles en France !
Afin de remplacer les absences des maîtres
Avec tous ceux qui veulent, une agence va naître.
Si celui qui remplace se trouve être plombier,
La chaudière de l’école il pourra
réparer,
S’il est mécanicien et connaît son
affaire
Les voitures des collègues il pourra bien refaire,
Et si par de la chance il se trouve enseignant
Il pourra pendre en charge d’une classe les enfants !
LE PRESIDENT
Je
reconnais bien là votre astuce
admirable
Et votre esprit retors qui ne se sent coupable !
Cette école qui veut faire des citoyens
Il faut qu’à l’avenir elle
n’en fasse rien !
Œuvrez donc mon ami, la tâche n’est pas
mince
Car c’est l’éducation qui menace les
Princes !!!!
|