retour au menu Dominique VOYNET,
veut un élevage de Rrom contrôlé et hors-sol (*)...

Ou comment débusquer les faux élus de gauche ...

article de Lambda




Dominique VOYNET, maire de Montreuil-sous-Bois, à propos d'un "camp de réinsertion" installé dans sa commune, déclarait, dans un reportage diffusé le dimanche 13 février 2011 sur Canal+ :

« On va mettre pour tout le monde sur le camp une consultation sur la contraception. Parce que si..  Je sais pas comment vous faîtes hein ? Les enfants, y en a tous les mois qui naissent sur le camp. Il fait froid, faut se réchauffer ! »

(°o°) ça laisse perplexe ...

Voyons le détail de cette "expérience pilote", dans une émission diffusée en 2009 sur la chaîne "Public-Sénat" :

Première partie :
Le Vocabulaire est aussi fiable qu'un test ADN  :


Décryptage :

Timing=1'34 :
"on ne peut pas se rejeter la matière humaine, comme ça d'une ville à une autre" ... Parle-t-on de la "matière humaine" de Neuilly ou de Ramatuel ?

Timing=1'54 :
"une population qui a du mal à trouver sa place" ... Drôle de manière de les rendre responsables de cette situation. Pourrait-on dire que les juifs sont une population qui a eu du mal à trouver sa place, quand tout ou presque leur était interdit depuis des siècles ? ... NON, les Rrom, leur place, ils l'ont, mais c'est un peuple à qui les pouvoirs publics, nationaux et européens, appliquant des législations d'exception, ne laissent aucune place.

Timing=1'58 : "On est surpris ... ils se comportent comme n'importe quelle population" ... (°o°) Etonnant non ? ... Le travailleur social qui parle ainsi révèle le fond du problème : Pourquoi se sent-il obligé de préciser cela ? Tout simplement parce qu'il sait bien quelle part d'humanité leur est au fond, en permanence et systématiquement, refusée.

Timing=2'11 : Un classique : Ne pas confondre "expulsion" et "aide au retour au pays".

Timing=3'42 : Là Monsieur le Sous-Préfet utilise le mot "expérimental". Quelque chose d'expérimental est en général moderne, voire d'avant-garde. Plus loin il ajoute que l'idée serait jalousée par les autres départements. L'idée vendue est l'idée qu'une chose convoitée est forcément précieuse, utile, rare, regorgeant d'avantages. Nous verrons plus loin de quoi l'on parle vraiment.

Timing=4'13 : Pour pouvoir persécuter à loisir une communauté, il vaut mieux la désigner comme "étrangère", ne serait-ce que pour éviter que les témoins s'identifient... Ils pourraient s'interposer. Mais là on apprend, stupeur, que l'immense majorité des Rrom de la région parisienne sont français depuis plus longtemps que la plupart des "parigots", que les Rrom de nationalité roumaine ou bulgare sont très minoritaires.
On apprend aussi qu'ils ne sont plus itinérants depuis des lustres, bref qu'ils sont comme nous.
On apprend enfin que les "campements illicites", qui empêchent Brice Hortefeux de dormir, sont aussi la résidence habituelle de beaucoup de gens qui ne sont ni Rrom, ni "du voyage" : ce sont des "Pauvres".

Timing=5'30 : Après ces informations : "les villages qui sont créés, c'est 70 personnes ... il y a dit-on 2000 Rrom dans la Région Parisienne ... il va falloir en construire des villages ... non tout le monde n'a pas vocation à rester" ... C'est clair, pour Monsieur le Sous-Préfet, ils n'auront le choix qu'entre la mise en "villages", pour les plus chanceux, et "l'aide au retour au pays", pour les autres ...
On notera que le mot "village" évoque un paysage bucolique avec sa petite rivière, ses champs et son église, le café sur la place. Il peut aussi évoquer un espace dédié à une population quand on parle de "village olympique", mais c'est un sens très marginal convenons-en. Quel autre mot fallait-il absolument éviter ?

Timing=5'45 : "Tout le monde n'a pas vocation à rester, ... la France est un pays souverain et par conséquent la France décide qui elle accueille et qui elle n'accueille pas sur son territoire" ... Nous sommes ici au contact de la quintescence du discours officiel auquel Dominique Voynet prête son concours : Le mot "souverain" est ici en rouge car nous le retrouverons dans le décryptage de la seconde partie.

Timing=6'04 : Là Monsieur le Sous-Préfet est obligé d'avouer, devant les informations données par Saimir MILE qu'il ne peut plus parler des Rrom. Et dont tout ceci s'adresserait finalement aux Bulgares et aux Roumains "sans faire de discrimination". NON tout cela s'adresse aux gens PAUVRES mais pour les diviser entre eux on parle tantôt des Rrom, tantôt des Roumains, tantôt des Maghrébins, des Ritals, des Noirs, des SDF, des gens du voyage, des chômeurs, etc... C'est que la première mission de Monsieur le Sous-Préfet est d'éviter absolument que les uns puissent se reconnaître dans les autres : Diviser pour mieux régner, encore et toujours !

Timing=6'15 : Il y a donc un statut juridique d'exception pour les gens de nationalité Roumaine ou Bulgare, à qui, bien que de citoyenneté européenne on n'offre que 150 professions (les mêmes que celles "offertes" aux jeunes des cités). Or tous les Roumains et Bulgares ne sont pas Rrom et il y a des Rrom Yougoslaves qui eux ne devraient pas être contraints par le statut des Roumains et des Bulgares... Tout le monde a compris ? ... On simplifie :
En fait c'est très simple, la pauvreté accroit le nombre de bidonvilles (ou "campements illicites") et pour en réduire le nombre, au lieu de réduire la pauvreté on réduit le nombre de pauvres en les opposant par divers moyens administratifs pervers et on reconduit certain d'entre eux à la frontière au prétexte actuel qu'ils sont Roumains, Bulgares, Yougoslaves...

En voilà un bon programme politique : Plutôt que de réduire la pauvreté on pousse les pauvres chez le voisin ... ou on les enferme dans des "villages d'insertion".
Elle n'est pas belle la France ?

Poursuivons ...

Deuxième partie :

Décryptage :

Timing=0'18 :
Très habilement, tout en douceur, sans polémiquer, Saimir Mile, revient sur la notion de Souveraineté précédemment évoquée par Monsieur le Sous-Préfet, pour nous apprendre que le statut particulier appliqué aux Roumains et Bulgares (et donc pas forcément qu'aux Rrom ... (sic)), résulte d'une simple "circulaire ministérielle" ... autrement dit d'une décision personnelle de Monsieur le Ministre de l'Intérieur. Il s'agit donc d'un véritable "Fait du Prince", dans une acception de la "Souveraineté" qui doit plus à la Monarchie qu'à la République, et "La France" n'a rien décidé du tout !

Timing=1'03 : Un petit bijou : Métaphore du "cochon d'Inde", qui n'est ni cochon, ni d'Inde, les "Villages d'insertion" ne sont pas des villages, et on n'y fait aucune insertion du fait des interdictions de travail résultant de la circulaire sus-mentionnée.

Ici nous vous présentons ce charmant petit "village" tel que décrit par les intéressés dans un article publié par le site de l'Association La Voix des Rroms :

1. Sauf pour ceux qui ont voyagé dans des pays en guerre, avez-vous déjà vu des villages entourés de tôle avec un maître chien à l'entrée, qui vous empêche d'y accéder? Eh bien, les "villages d'insertion des Roms", comme leurs gestionnaires les appellent, sont fermés et si vous essayez d'entrer, les premiers êtres que vous y verrez ce sont le gardien et son berger allemand. Et ceux-ci risquent de rester les seuls êtres vivants que vous y verrez, car vous ne pouvez pas y entrer. Même les membres de la famille des habitants ne peuvent y entrer. Ainsi, une grand-mère qui a été placée dans un tel village, doit sortir dans la rue pour voir son petit-fils, qu'il pleuve ou qu'il fasse soleil, et elle ne peut pas lui montrer comment elle fait sa cuisine. Est-ce qu'un village c'est comme ça?

2. Ce sont des "villages d'insertion". Est-ce peut-être pour cette raison qu'on empêche des gens d'y entrer? Au-delà de ça, avez-vous vu des gens s'insérer sans pouvoir travailler? Les Rroms qu'on parque dans ces camps (ils ressemblent en effet plus à des camps qu'à des villages) sont originaires de Roumanie et de Bulgarie. Selon la législation en vigueur, pour pouvoir travailler ils doivent obtenir à la préfecture une autorisation de travail. Les préfectures sont bien partie-prenantes dans ces projets de "villages d'insertion", mais elles ne délivrent pas d'autorisations de travail, sauf dans les conditions drastiques établies par une circulaire de décembre 2006, qui rendent l'obtention de celle-ci quasi impossible.

Timing=1'52 : Ici Monsieur le Sous-Préfet finit de se trahir en acouchant de Sa vérité, celle de Sa classe sociale : "Mais ... ce sont des lieux privés ...".
Or donc, les dirigeants de la République ont imaginé de mettre ces pauvres gens dans des "lieux privés". Comment pourrait-il en être autrement ? Leur imaginaire trouve ses solutions, et ses mots, dans les racines de leur domination, c'est à dire dans l'univers des Monarchies de Droit Divin. Donc un manant, un gueux, ne peut être que "sur les terres de Monsieur le Comte", lequel "accorde" ou "tolère".
Et puisqu'ils sont dans un lieu "privé" ils doivent se plier aux conditions diverses fixées par leur généreux protecteur...

Nous pouvons faire ici un rapprochement avec le texte du code pénal de Valachie (1818), section 6 : "tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince."
Avec une telle histoire derrière eux, peut-être ont-ils encore besoin d'un Maître pour se sentir en sécurité après tout ?

Timing=2'29 : "des terrains privés ... avec des règles ... pour assurer la sécurité" ... Les Rrom, Bulgares, Roumains, Yougoslaves, pauvres, sont donc bien là pour leur protection, et on les considère, au mieux comme de grands enfants, au pire comme des sous-hommes à garder sous tutelle.
Epilogue, résumé et conclusion : ‎"Avant tout, le camp de Saliers doit être un argument de propagande gouvernementale. Cet argument a consisté à donner à un camp de concentration l’aspect d’un village et d’y permettre la vie familiale et le respect des coutumes et croyances des internés."
(L’architecte du camp, 8 octobre 1942.)

Aujourd'hui la science de la propagande a fait d'énormes progrès, point n'est besoin de travailler à l'aspect du camp, il suffit de le nommer "village".

Que les gens de droite se prêtent à ce jeu, qui pour eux relève d'un déterminisme de classe dominante, c'est dans leur nature. Mais si des élus "de gauche" se prêtent à ce même sordide jeu de mots, c'est qu'ils sont de droite ...

(*) A propos du titre : Les gens vraiment de gauche, choqués par le fait que l'on ose appeler "village d'insertion" un camp d'internement, admettent que Mme Voynet trouve choquants les mots "élevage hors sol". Toutefois, si les mots "village d'insertion" sont une escroquerie mentale, au même titre que le "cochon d'Inde", les mots "élevage hors sol" ne font que forcer le trait et ne sont malheureusement qu'une caricature.
Sur le même sujet : Môssieur Dupassieux et les gens du voyage.